Thomas Deschamps est architecte mais également photographe. Paris est pour lui, un lieu de vie, de travail autant qu’un terrain où exercer sa passion pour la photo. Il ne se lasse pas de la capitale et y trouve toujours de nouveaux champs d’exploration. Si l’œil de l’architecte peut influencer certains cadrages, le photographe aime s’en remettre à l’imprévu pour capter des scènes de vie parisienne et saisir la spontanéité du moment.
Un émerveillement quotidien qui invite à parcourir, regarder, redécouvrir la ville.
Comment en êtes-vous arrivé à la photo ? Était-ce déjà une passion avant d’exercer votre métier d’architecte ?
J’ai découvert la photo à l’adolescence, mon père m’avait offert un appareil que j’ai utilisé quelques années, puis je me suis intéressé à d’autres choses comme on le fait souvent à cet âge et je ne m’y suis replongé qu’il y a six ans. En parallèle de mon métier d’architecte que j’exerce toujours, je voulais faire autre chose et la photo m’est venue naturellement, cela représente pour moi plus qu’un simple passe-temps, il s’agit d’une passion qui sommeillait en moi depuis longtemps. Le métier d’architecte, tout aussi passionnant qu’il soit, reste une profession où les normes et les réglementations prennent une place très importante, la photographie me permet d’être plus créatif et surtout plus libre.
Quelle est votre période favorite pour photographier Paris ? Une saison préférée ou un moment de la journée ?
Je crois que l’hiver me correspond le mieux, l’ambiance y est plus mélancolique et le fait qu’il y ait moins de touristes en cette saison permet de montrer la ville autrement, loin des clichés habituels.
Quel style architectural vous attire le plus à Paris en tant que photographe ?
Même si les photos sélectionnées ne le montrent pas particulièrement, j’ai un faible pour le Paris des années 1960 – 70, je trouve par exemple que le quartier du Front de Seine permet de montrer justement un Paris différent, loin des façades haussmanniennes, même si les choix urbanistiques qui ont été faits à l’époque peuvent être discutés. On redécouvre aujourd’hui un patrimoine longtemps décrié mais qui ne manque pas d’atouts.
Pensez-vous que votre vision d’architecte influence votre manière de photographier Paris ?
Je pense que le fait d’être architecte m’amène à cadrer d’une certaine manière, et l’architecture ou les bâtiments que l’on retrouve en second plan permettent de placer les personnages de la photo comme dans un décor de théâtre. Quand je pars faire des photos dans Paris, j’aime l’idée de reportage ; souvent les photos les plus réussies sont le fruit du hasard : un personnage dans un lieu connu mais que l’on devine seulement. L’architecture, un bâtiment célèbre sont là en appui mais ne représentent pas le sujet principal.
Vous avez voyagé et photographié divers pays comme l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne ou le Danemark. En quoi est-il différent de photographier Paris par rapport à d’autres villes européennes ?
Paris offre une homogénéité architecturale que l’on ne trouve pas ailleurs en Europe, et ce depuis l’époque haussmannienne. Elle fait partie également des villes les plus photographiées au monde et il n’est pas toujours facile de se distinguer, non seulement des photos touristiques, mais également du travail d’autres photographes. Photographier une ville comme Berlin par exemple, du fait qu’elle ait été totalement détruite puis reconstruite après la deuxième guerre mondiale, est à mon sens un exercice totalement différent. Elle offre une diversité que l’on ne retrouve pas à Paris, du fait de son histoire récente, souvent douloureuse. Les traces du mur, les quartiers en friche sont autant de sujets à photographier. Le fait aussi de vivre à Paris à l’année pourrait amener à une certaine lassitude, il n’en est pourtant rien : l’intemporalité du décor parisien et le romantisme qu’il suscite sont une source intarissable d’inspiration. Je pense qu’il faut simplement essayer de montrer des lieux archi-connus sous un angle différent.
Quel est votre cliché préféré de Paris. Pouvez-vous nous présenter la photo et nous raconter son histoire ?
Mon cliché préféré a été pris un matin de janvier, sur la place de l’Opéra. C’est un peu le début de la série présentée ici. Elle représente une scène du quotidien qu’on a du mal à dater : a-t-elle été prise en 2017, dans les années 1950 ? Peu d’éléments de notre époque y sont présents, même si c’est le fruit du hasard et du cadrage. Cette photo représente pour moi Paris dans son intemporalité, le Paris éternel.
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